Les Moxihatetema, cette tribu amazone qui ne connaît aucune civilisation

Il existe encore des communautés vierges de tout contact avec la civilisation. La preuve : de nouvelles photos aériennes, publiées par l’ONG Survival International, ont dévoilé la résistance des Moxihatetema, une communauté tribale isolée, dont le nombre ne dépasse pas 100 individus. Les images -qui montrent quelques membres dans un forum circulaire appelé «maloca»- ont été immortalisées au cœur de la réserve naturelle de Yanomami, au Brésil, qui se situe à la frontière avec le Venezuela. Selon l’ONG, cela faisait un an que la tribu n’avait pas été approchée par l’homme.

Les photos n’auraient jamais été prises s’il y n’avait pas de préoccupations de la part de l’organisation. La cause : environ 5000 mineurs d’or illégaux occupent de larges portions de la réserve Yanomami et mettent indirectement en danger les Moxihatetema, à cause des maladies qu’ils peuvent transmettre (paludisme) et des substances toxiques qu’ils déversent dans la nature (mercure). «Le lieu où vivent les Indiens isolés, les poissons, les bêtes et les plantes doivent être protégés. Le monde entier doit savoir qu’ils sont là dans leur forêt et que les autorités doivent respecter leur droit de vivre là-bas», a exprimé Davi Kopenawa Yanomami, le président de l’association Yanomami Hutukara, qui est également surnommé le «Dalaï Lama de la forêt tropicale». «Ces images extraordinaires sont une preuve supplémentaire de l’existence de tribus encore isolées. Ce ne sont pas des sauvages, mais des sociétés complexes et contemporaines dont les droits doivent être respectés», à de son côté exprimé Stephen Corry, le président de Survival International.

Si rien n’est fait, un nouveau massacre pourrait survenir

Toutefois, le gouvernement brésilien ne l’entend pas de cette oreille. La Fondation nationale de l’Indien (Funai) déplore la politique d’austérité du nouveau président brésilien Michel Temer, qui met le couteau sous la gorge de l’organisation. La Funai a en effet été contrainte de fermer sa base dans la région Yanomami, laissant les Moxihatetema seuls face aux dangers itinérants. «Nous demandons sans cesse qu’un financement soit délivré ou même maintenu» pour que ces populations puissent continuer à vivre, a expliqué au «Guardian» Fiona Watson de Survival International.

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Si rien n’est fait, l’ONG redoute l’arrivée de nouveaux massacres comme celui d’Haximu en 1993, quand 16 Yanomami avaient été tués et leur village brûlé. Le conflit pourrait arriver plus tôt que prévu. Le 19 novembre, six orpailleurs brésiliens ont en effet été tués à l’arc par des Indiens Yanomami, selon un communiqué de la Funai. Rappelons qu’outre l’exploitation minière, les populations amazones sont menacées par la déforestation ou les projets d’infrastructures.

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